06/05/2018

L’agroécologie peut aider à améliorer la production alimentaire mondiale

À Rome, le deuxième Symposium international sur l’agroécologie appelle à opérer des changements en profondeur. L’agroécologie peut contribuer à accélérer la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, a appelé à construire des systèmes alimentaires plus sains et équilibrés, ajoutant que l'agroécologie pouvait contribuer à une telle transformation. Le directeur général a lancé cet appel lors de son discours inaugural prononcé à l'occasion du 2ème Symposium international sur l'agroécologie qui s’est tenu à Rome du 3 au 5 avril. Il  a expliqué que la plupart de la production alimentaire se basait sur des systèmes agricoles nécessitant beaucoup d'intrants et de ressources et nocifs pour l'environnement, et que cela avait pour conséquence, la dégradation croissante des sols, des forêts, de l'eau, de la qualité de l'air et de la biodiversité. Il a par ailleurs ajouté que le fait d'augmenter la production à tout prix n'avait pas été suffisant pour éradiquer la faim et que "nous étions confrontés à une épidémie mondiale d'obésité." "Nous devons encourager un changement en profondeur de la manière dont nous produisons et consommons les aliments. Nous devons promouvoir des systèmes alimentaires durables qui offrent une alimentation équilibrée et nutritive, des services écosystémiques et une meilleure résilience face au climat. L'agroécologie peut contribuer au processus de transformation de nos systèmes alimentaires", a-t-il dit.

Associant le savoir traditionnel au savoir scientifique, l'agroécologie applique des approches écologiques et sociales aux systèmes agricoles, en prenant en compte les multiples interactions qui existent entre plantes, animaux et environnement. M. Graziano da Silva a également exhorté les décideurs politiques nationaux à mieux soutenir les acteurs évoluant dans le domaine de l'agroécologie. "Pour avancer, nous avons besoin que davantage de gouvernements et de décideurs politiques issus du monde entier s'impliquent", a-t-il ajouté. "Rendre les systèmes alimentaires durable signifie effectuer des changements économiques, sociaux et culturels", a indiqué Gilbert F. Houngbo, président du Fonds international de développement agricole (FIDA). "C'est pourquoi des projets soutenus par le FIDA adoptent une approche holistique, facilitent les investissements avec du soutien politique, des connaissances et des activités de formation. La diversité de la production doit coïncider avec la diversité des régimes alimentaires et être acceptée par des consommateurs conscient de leurs choix nutritifs et sensibilises au changement climatique", a-t-il ajouté. Stéphane Le Foll, ancien ministre français de l'agriculture a prononcé le discours d'ouverture. Il a exhorté à engager un nouveau dialogue et à prendre des mesures pour lancer une "révolution doublement verte" en matière de production agricole qui s'appuiera sur la nature, les scientifiques et le savoir local. "Nous sommes à l'aube d'une histoire de l'humanité et c'est à nous de faire nos choix – des choix importants – qui seront essentiels pour notre avenir collectif", a-t-il indiqué.

Le Symposium a réuni près de 700 participants dont des décideurs politiques, des spécialistes en agroécologie, des universitaires, des représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des agences onusiennes afin de discuter des éléments clés et des actions à prendre afin de promouvoir l'agroécologie. Il a été cloture par le lancement de l'Initiative Promouvoir l'agroécologie visant à encourager un processus de transition vers l'agroécologie plus inclusif et holistique, et ce, par le biais d'outils et de partage du savoir pour une meilleure transformation de la nourriture et des systèmes agricoles. Le premier Symposium sur l'agroécologie s'est tenu à la FAO en 2014. Depuis, les rencontres régionales ont eu lieu en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, en Europe, en Asie centrale, et dans la région Asie et Pacifique. Ces quatre dernières années, plus de 1 400 participants issus de 170 pays ont été impliqués dans cette initiative mondiale afin de discuter et de souligner l'importance du potentiel de l'agroécologie.

FAO